Vendredi dernier le journaliste de mode et documentariste Loic Prigent était de passage à la Librairie Kléber à Strasbourg pour nous parler de son livre et de sa vision de la mode. Retour sur une rencontre drôle et enrichissante.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Loic Prigent a travaillé pour Libération ou encore Canal +. Il a aussi collaboré avec Madame Figaro, Vogue Paris ou Vanity Fair France. Vous le connaissez peut-être à travers ses magnifiques documentaires sur la mode: « Signé Chanel », « Le testament d’Alexander McQueen » ou plus récemment « Qu’est-ce que la haute couture ? ». Mais vous avez sans aucun doute déjà aperçu son compte Twitter à travers lequel il retranscrit les paroles complètement loufoques qu’il a pu entendre de la part des personnalités de la mode. Des « pépiements » comme il les appelle.
Et il y en a eu tellement qu’il en a fait un livre. Drôle, mais surtout surprenant et déroutant. Il faut dire que pour évoluer dans le milieu de la mode, il ne faut pas être totalement sain d’esprit. Il faut être un peu fou. Et pourtant Loic Prigent est simple. Il ne semble pas s’être laissé submergé par le monde impitoyable de la mode. Au contraire, ça le fascine. Il aime l’hystérie des coulisses, observer l’aspect sociologique de la mode ou constater l’évolution des tendances. Il nous confie d’ailleurs LA tendance à venir: le néo-moche. Il faut « inventer son ringard ». Le moche deviendra mode.
Loic voit des similitudes entre la mode et l’agriculture (milieu dont il est issu) avec les « petites mains » qui oeuvrent à la tâche, les saisons qui défilent. Après de longs efforts et un travail intense: la récolte, le défilé. Une belle comparaison entre deux milieux qui semblaient pourtant si éloignés. Il nous parle aussi de l’élaboration de ses documentaires, nous explique que cela demande un long travail, qu’il faut gagner la confiance des créateurs pour filmer l’envers du décor. Il met la mode en scène pour nous offrir « un moment de grâce », comme a pu le souligner l’une des personnes présente dans le public.
J’ai adoré la personnalité de Loic Prigent. Je trouve son point de vue sur la mode très intéressant. Au lieu de critiquer la « superficialité » qu’il peut y avoir dans cet univers, il en rit et en vient même à l’adorer. C’est ce qui fait de ce milieu un monde à part. Grâce à lui, j’ai réussi à trouver ça captivant alors, qu’au départ, je trouvais ça presque effrayant. Mais il nous montre que c’est drôle, qu’il faut en rire, qu’on peut réussir à trouver plus ou moins sa place dans cet univers tout en gardant les pieds sur terre. Et comme il l’a si bien dit: « Le complexe est tellement gros, autant ne pas en avoir. »
Quelques uns de mes « pépiements » préférés:
« Ses défilés étaient vachement bien jusqu’à ce qu’il se mette à réfléchir. Là j’y vais plus. »
« La Maison du Caviar pendant les défilés c’est le Flunch des Halles. »
« Elle a fait combien de rénovations à son visage ? – Autant que de couches de peinture sur la Tour Eiffel. »
« Ma fille a 15 ans. Quand je la quitte j’ai peur que les flics la fassent exploser tellement elle ressemble à un colis abandonné. »
« Tu veux un cookie ? – Non, je suis en Versace. »
« Ah c’est toi ! Pardon je t’ai pas reconnue sans tailleur Chanel. »
« Demande combien coûte un pain au chocolat au Ritz, ça je sais. »
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Son livre: ici